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Série en salle saison 2
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Avec P'tit Quinquin Bruno Dumont signe une série policière burlesque et macabre autour d’un irrésistible couple de garnements amoureux en territoire Ch'ti.
Avec sa gueule cabossée, son vélo toutterrain et ses fidèles lieutenants Jordan (le grand maigre) et Kévin (le petit gros), Quinquin fait les 400 coups dans son village du littoral boulonnais. Toujours prêt à la bagarre ou à lancer un pétard bien ajusté, il ne baisse la garde que face à Ève, son grand amour, la fille des fermiers d'à côté et trompettiste dans la fanfare du village.
Par un venteux matin d'été, l'arrivée d'un hélicoptère met la petite bande en émoi : une vache morte a été retrouvée à l'intérieur de l'un des bunkers qui jalonnent la côte et le commandant de gendarmerie Van der Weyden, flanqué de son adjoint Carpentier, a demandé l'évacuation de la victime. Mais le pire est à venir : on trouve dans le ventre de l'animal le corps démembré et sans tête d'une femme. Quelle est la « bête humaine » à l'origine de ce carnage ?
Sur le terrain, nouveau pour lui, de la série, Bruno Dumont, cinéaste réputé austère (L’Humanité, Flandres) révèle un talent inattendu pour la comédie dans cette mini-série qu’il a écrite et réalisée. On retrouve dans les quatre épisodes de P’tit Quinquin (présentés à Cannes en 2014 et diffusés sur Arte en septembre dernier), l’univers cinématographique si particulier qu'il a développé film après film : un territoire entre mer et campagne, le Boulonnais, magnifié dans de longs plans contemplatifs en Scope ; et des acteurs non professionnels dont les visages parfois ravagés et le parler nordiste semblent indissociables de ces paysages à la beauté méconnue.
S'il y a du burlesque dans ces inspecteurs de province caricaturaux, le rire que convoque Dumont est toujours sur le fil de l'inconvenance et de l'embarras. Le racisme ordinaire, l'homophobie et la cruauté sont bien là, tout autant que la tendresse enfantine, celles des accolades bucoliques de Quinquin et d'Ève, ou encore la dérision de la vie, partagée entre la ferme familiale, la fanfare municipale et la gargote du bord de mer.
La singularité de la série tient dans ce mélange tonitruant de satire burlesque et outrancière, avec une sorte de large portrait, humain et paysager, aux accents surréalistes.
A voir au cinéma Jacque Tati samedi 27 juin en présence de Maryline Alligier, auteure du livre Bruno Dumont, l’animalité et la grâce (Éditions Rouge Profond).